C’est dur de ne pas sentir un « Amarcord » fellinien lorsque ta génération devient protagoniste sur le grand écran ! C’est le cas en voyant la bande annonce, pardon le « Trailer » !, du nouveau film italien de Gabriele Muccino « Gli anni più belli » – Les plus belles années – Cette histoire d’amitié entre trois garçons et une fille, qui suit une parabole de quarante ans, a un côté autobiographique mais aussi une constatation : Les Yuppies d’hier sont les démunis d’aujourd’hui !
Parfaitement ! l’aspect couleur-beauté des jeunes adolescents années ’80 qui de « La boom » avec Sophie Marceau et Claude Brasseur, transition obligatoire du collège au lycée, passent directement par « War Games », « Rambo » et « Retour au futur » ; où doudoune, basquets et jeans délavés marquent le profil du jeune étudiant, bercés par une culture américaine tous azimuts où Ronald Reagan synthétise sa globalisation culturelle contre le monde communiste à travers ses symboles Bonie Tyler, Michael Jackson, Madonna, surtout Sylvester Stallone, mais aussi Lionel Richie, le boss Bruce Springsteen etc. Où, encore, la conquête de l’espace arrive au projet de « Guerre des étoiles » mais heureusement se cristallise par les traités Start sur le désarmement nucléaire au temps de la « Perestroïka » et projette déjà la réalisation de la vie adulte, au-delà du rideau de fer.
Et quels rêves hollywoodiens de l’American dream ! où succès, pognon, drogue et sexe ne font qu’un comme dans « Neuf semaines et demie » avec Kim Basinger et Mickey Rourke ou « Working Girl » avec Harrison Ford, Sigourney Weaver et Melanie Griffith et chantent l’arrivisme individualiste des Yuppies dans les magazines qui « comptent » pour forger l’opinion publique (« Le point », « Le nouvel Obs»). Et combien d’anthologies dans « Times » décrivent ces privilégiés du « status symbol » occidental nantis de tout (titre universitaire, voiture sportive dernier modèle, super appart tout équipé surtout en produits hifi, vestiaire chic et élégant strictement griffé Armani, Valentino ou Dior, club sportif exclusif…) ; enfin, un style parfaitement individualiste qui considère le mariage ennuyeux et les enfants inutiles remplacés par d’adorables petits chiens manipulés sans contrariété !
Quand-est-il aujourd’hui ? Un déclin inévitable sanctionné par la constatation d’une crise humaine étouffée par sa tyrannie et le désenchantement de symboles voués à l’échec d’une vie troquée pour une gloire personnelle poussée à son paradoxe. La série télévisée « Sex and the City » est un exemple. Il s’agit, en effet, de la remise en question de tous les attributs de la société civile conquis au cours des siècles car nés, enrichis et améliorés dans le contexte de la chrétienté : le mariage, les rôles complémentaires de Père et Mère, la protection des mineurs et la garantie de bases éducatives saines, le respect identitaire biologique naturel etc. Ce paradoxe entraine aussi toutes les contestations gauchisantes nées en mai ’68, qui sont parvenues à remplacer et à transformer la culture occidentale en s’appropriant des fausses icones, comme les « Yuppies », sous forme de nomenclature où l’hypocrisie libertaire du « politically correct » bat son plein.
Une génération complètement désabusée donc ? Pas forcément, car les valeurs de l’amitié et le besoin d’identité ont l’effet boomerang. Tôt ou tard notre présence en ce monde déchante de ses apparences et révèle notre vérité personnelle : à ce moment-là notre capacité apparait vraiment. Carlo Verdone a traité comme un visionnaire cet aspect dans son film sorti en 1988 « Amici di scuola » – Les copains du lycée -. La solitude de l’égoïsme conjuguée à une insatisfaction existentielle est la rançon d’un parcours semé d’illusions. On cherche alors un rattrapage qui ne peut comporter que deux solutions : d’une part, récupérer une vraie dimension humaine donc transcendentale, d’autre part continuer de « s’inventer » une normalité mensongère protégée par nos barricades éphémères.
Oh, my Yuppy !
Di’ cosa ne pensi