Lorsque Louis Pergaud publia en 1912 son plus fameux roman « la guerre des boutons », qui inspirât ensuite Yves Robert pour l’adaptation au cinéma sortie en 1962, il n’aurait peut-être pas imaginé que cette histoire rocambolesque et combien comique, qui raconte les rivalités de bandes d’enfants de villages voisins dans la campagne française profonde de fin 1800 début 1900 qui, pour toutes représailles, coupent les boutons des vêtements, en ce 2020 tire un profond air de nostalgie au point de servir d’exemple !
En fait, ces gamineries qui nous rappellent vaguement l’atmosphère de don Camillo, allias Fernandel, qui emmène dans la campagne romagnole le fils de Peppone, allias Gino Cervi, racontent une joie de vivre qui sort des cœurs et qui aujourd’hui est totalement inconnue. La pseudo-guerre est en fait un jeu d’enfant qui sert de formation propédeutique pour affronter les difficultés de la Vie en rivalisant d’astuce avec les adversaires. Car il faut compter sur l’apport d’un groupe préconisant la solidarité et le soutien mutuel. La connaissance passe ainsi par une confrontation vertueuse qui emmène en fait au respect, car elle est fondée sur la dimension humaine et transforme les défauts en possibilités. Il s’agit bien d’une formation chrétienne que Pergaud décrit, inspiré par son enfance et qui était un antimilitariste convaincu, décédé malheureusement dans le théâtre de la Grande Guerre.
Cette photo d’antan revient plus actuelle que jamais en 2020 ! La Grande Guerre aujourd’hui est la haine des cœurs et la solitude, fruits de l’égoïsme et d’un monde technocratique que préconise la rentabilité au détriment de l’humain. La « troisième guerre mondiale en morceaux » comme l’a souvent défini le Pape François. Un monde qui considère « déché » ce qui n’est pas commercialisable (les porteurs de problèmes génétiques et/ou déformations, les personnes malades et/ou âgées etc) doit impérativement être jeté, refusé, traqué, discriminé. Voici donc le bombardement de réformes idéologiques pour démanteler, moyennant faux prétextes, tous les acquis moraux et éthiques hérités de la chrétienté qui sont l’ourdi de toute société qui se veut « démocratique » et confond la laïcité comme nouvelle religion d’Etat, au lieu de l’acquérir comme continuation humaine de la charité biblique.
Voici les solutions scientifiques poussées et toujours plus raffinées pour servir cette « folie des grandeurs ». Infini est désormais l’arsenal des moyens de destruction collective qui prétend reconstruire l’humanité dans les laboratoires de multinationales qui détiennent en otage les gouvernements corrompus et voués à cette idéologie du néant. Cette Grande Guerre est maintenant le combat contre une vie normalisée à un modèle inhumain défiguré, par le recouvrement de notre dimension transcendantale qui est articulée sur le partage, l’amour, la solidarité et la centralité de la présence de Dieu comme origine de tout.
C’est bien cette dimension chrétienne imagée dans le contexte du roman de Pergaud qu’il faut retrouver non plus dans la limite de villages voisins, mais à l’intérieur de l’univers de chaque être humain, le Cœur ! Cette «Grande Guerre » qui doit emmener à retrouver notre véritable perspective humaine comme Personnes et pas comme objets en réapprenant la joie de vivre, car inspirés par l’Amour de Dieu. Oui, ce n’est pas vraiment « La guerre des boutons » !
Di’ cosa ne pensi