L’histoire ça s’étudie, l’histoire ça s’apprend, l’histoire ça surprend, mais surtout l’Histoire ça se vit ! Bien entendu à chaque époque ses attributions, mais en quoi ça consiste « vivre l’histoire » ?
Demandez-le aux immigrés de toute époque. Par exemple, parlez-en aux « ritals », les italiens immigrés du début XXème siècle, chassés par la misère dans le contexte d’une Nation unifiée depuis peu, avec une identité très régionalisée et des incertitudes politiques causant des fractures tournant à la dictature. Comment trancher devant ce drame de partir ou rester ? abandonner la patrie et chercher ailleurs son « Amérique » ! Pas tous ont traversé l’Atlantique pour se retrouver à Ellis Island ou Buenos Aires, combien sont partis vers d’autres pays européens, alors hostiles car les séquelles de la première guerre mondiale brûlent encore dans l’âme des vivants : Allemagne, Belgique, France, Suisse.
Mais les « ritals » sont une variété particulière, car ils ont affronté les « cousins d’outre-Alpes ». Comme chien et chat, la France et l’Italie ont toujours suivi un parcours résumé en « je t’aime, moi non-plus ! ». « Rital » est un nom méprisant affublé à l’immigré italien, qui est par la suite devenu une vraie carte d’identité. Combien de familles italiennes se sont éparpillées en France, risquant la vie à tout instant, devant affronter les obstacles da la langue, de la méfiance xénophobe et des préjugés. Mais quelle intelligence et quel courage montrant une fierté, très vite transformée en capacité d’adaptation, d’innovation et de coalition ethnique. Les générations suivantes se sont désormais enracinées et ont activement participé à l’économie contribuant, par la génialité naturelle de l’italien, à la création d’entreprises florissantes dans tous les secteurs. Après un siècle, le fil conducteur du lien historique n’est resté que dans les cœurs des « ritals » de la première heure, portant en certains cas à l’oubli de ces origines, mais dans d’autres à l’étude passionnée de ces origines, avec au milieu une certaine « nonchalance » envers ces origines.
Aujourd’hui on a « l’exemple rital ». C’est-à-dire un profil de l’immigré qui sert de modèle pour apprendre vraiment en quoi consiste l’identité, l’adaptation et l’intégration. Un modèle qu’il faudrait reprendre à son début. Un modèle qu’il faudrait étudier pour en retrouver la dimension nationale concrète, les valeurs intrinsèques, la force centripète positive. Il s’agit bien de récupérer le fil interrompu de son histoire, pour renouer avec le présent et créer un futur valable. Cependant, cette conception n’est pas limitée « aux ritals », mais à présent étendue à toute la population européenne. Les régionalisations d’un temps ont fusionné avec l’élargissement des frontières et succombé à l’indifférenciation, provoquant l’anéantissement de l’identité de chacun. L’exemple « rital » montre comment il est possible de concevoir l’intégration en puisant dans les ressources détaillées de sa propre identité, en produisant une synergie originale.
Cette singulière synergie a cependant un trait-d’union culturel transnational : la famille. Le « rital » d’antan est, avant tout, un groupe familial soudé où chacun sait la valeur de la vie et combien la solidarité de l’amour fraternel et parental est une force. Celle qui a permis à ces générations de se déchirer parfois, pour se recomposer dès que possible, sans perdre son sang-froid et surtout l’espérance. L’espérance d’un futur meilleur pour soi et les générations futures. Mais cette force puise son énergie dans la Foi. Le « rital authentique » est souvent un croyant catholique qui sait s’agenouiller, prier, implorer et s’en remettre à Dieu. Sans céder au désespoir, car on reconnait le bien, le Don suprême de la Vie.
Voici que cent ans après, les flux migratoires imposés par de nouvelles formes d’esclavage, de profit du vivant et de totalitarisme moderniste, sont déguisés en urgence de secours, alors qu’il s’agit d’une invasion préconisant un total bouleversement culturel, religieux et ethnique. Voici que l’Histoire vécue par ces aïeux appellent les italiens d’aujourd’hui à redevenir les « ritals » d’hier pour espérer encore d’exister demain et servir d’exemple aux européens. Vraiment, mon « Rital bien-aimé » où es-tu ?
Di’ cosa ne pensi