Tamanrasset, par Insalah, via Biskra, Algérie, 29 juillet 19161Lettre adressée à René Bazin, de l’Académie française, président de la Corporation des publicistes chrétiens, parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, nro 5, octobre 1917. Titre et intertitres d’origine. [fonte del testo]..
” Monsieur, Je vous remercie infiniment d’avoir bien voulu répondre à ma lettre, au milieu de tant de travaux, et si fraternellement. Je pourrais, m’écrivez-vous, vous dire utilement la vie du missionnaire parmi les populations musulmanes, mon sentiment sur ce qu’on peut attendre d’une politique qui ne cherche pas à convertir les musulmans par l’exemple et par l’éducation et qui par conséquent maintient le mahométisme, enfin des conversations avec des personnages du désert sur les affaires d’Europe et sur la guerre.
I — Vie du missionnaire parmi les populations musulmanes
Habituellement chaque mission comprend plusieurs prêtres, au moins deux ou trois ; ils se partagent le travail qui consiste surtout en relations avec les indigènes (les visiter et recevoir leurs visites) ; œuvres de bienfaisance (aumônes, dispensaires) ; œuvres d’éducation (écoles d’enfants, écoles du soir pour les adultes, ateliers pour les adolescents) ; ministère paroissial (pour les convertis et ceux qui veulent s’instruire dans la religion chrétienne). Je ne suis pas en état de vous décrire cette vie qui, dans ma solitude au milieu de populations très disséminées et encore très éloignées d’esprit et de cœur, n’est pas la mienne… Les missionnaires isolés comme moi sont fort rares. Leur rôle est de préparer la voie, en sorte que les missions qui les remplaceront trouvent une population amie et confiante, des âmes quelque peu préparées au christianisme, et, si faire se peut, quelques chrétiens. Vous avez en partie décrit leurs devoirs dans votre article : “Le plus grand service” (Écho de Paris, 22 janvier 1916). Il faut nous faire accepter des musulmans, devenir pour eux l’ami sûr, à qui on va quand on est dans le doute ou la peine, sur l’affection, la sagesse et la justice duquel on compte absolument. Ce n’est que quand on est arrivé là qu’on peut arriver à faire du bien à leurs âmes. Inspirer une confiance absolue en notre véracité, en la droiture de notre caractère, et en notre instruction supérieure, donner une idée de notre religion par notre bonté et nos vertus, être en relations affectueuses avec autant d’âmes qu’on le peut, musulmanes ou chrétiennes, indigènes ou françaises, c’est notre premier devoir : ce n’est qu’après l’avoir bien rempli, assez longtemps, qu’on peut faire du bien.
Ma vie consiste donc à être le plus possible en relation avec ce qui m’entoure et à rendre tous les services que je peux. À mesure que l’intimité s’établit, je parle, toujours ou presque toujours en tête à tête, du bon Dieu, brièvement, donnant à chacun ce qu’il peut porter, fuite du péché, acte d’amour parfait, acte de contrition parfaite, les deux grands commandements de l’amour de Dieu et du prochain, examen de conscience, méditation des fins dernières, à la vue de la créature penser à Dieu, etc., donnant à chacun selon ses forces et avançant lentement, prudemment.
Il y à fort peu de missionnaires isolés faisant cet office de défricheur ; je voudrais qu’il y en eût beaucoup : tout curé d’Algérie, de Tunisie ou du Maroc, tout aumônier militaire, tout pieux catholique laïc (à l’exemple de Priscille et d’Aquila), pourrait l’être. Le gouvernement interdit au clergé séculier de faire de la propagande anti-musulmane ; mais il s’agit de propagande ouverte et plus ou moins bruyante : les relations amicales avec beaucoup d’indigènes, tendant à amener lentement, doucement, silencieusement, les musulmans à se rapprocher des chrétiens devenus leurs amis, ne peuvent être interdites par personne. Tout curé de nos colonies, pourrait s’efforcer de former beaucoup de ses paroissiens et paroissiennes à être des Priscille et des Aquila. Il y a toute une propagande tendre et discrète à faire auprès des indigènes infidèles, propagande qui veut avant tout de la bonté, de l’amour et de la prudence, comme quand nous voulons ramener à Dieu un parent qui a perdu la foi…
Espérons qu’après la victoire nos colonies prendront un nouvel essor. Quelle belle mission pour nos cadets de France, d’aller coloniser dans les territoires africains de la mère patrie, non pour s’y enrichir, mais pour y faire aimer la France, y rendre les âmes françaises et surtout leur procurer le salut éternel, étant avant tout des Priscille et des Aquila !
II — Comment franciser les peuples de notre empire africain
Ma pensée est que si, petit à petit, doucement, les musulmans de notre empire colonial du nord de l’Afrique ne se convertissent pas, il se produira un mouvement nationaliste analogue à celui de la Turquie : une élite intellectuelle se formera dans les grandes villes, instruite à la française, sans avoir l’esprit ni le cœur français, élite qui aura perdu toute foi islamique, mais qui en gardera l’étiquette pour pouvoir par elle influencer les masses ; d’autre part, la masse des nomades et des campagnards restera ignorante, éloignée de nous, fermement mahométane, portée à la haine et au mépris des Français par sa religion, par ses marabouts, par les contacts qu’elle a avec les Français (représentants de l’autorité, colons, commerçants), contacts qui trop souvent ne sont pas propres à nous faire aimer d’elle. Le sentiment national ou barbaresque s’exaltera dans l’élite instruite : quand elle en trouvera l’occasion, par exemple lors de difficultés de la France au dedans ou au dehors, elle se servira de l’islam comme d’un levier pour soulever la masse ignorante, et cherchera à créer un empire africain musulman indépendant. L’empire Nord-Ouest-Africain de la France, Algérie, Maroc, Tunisie, Afrique occidentale française, etc., a 30 millions d’habitants ; il en aura, grâce à la paix, le double dans cinquante ans. Il sera alors en plein progrès matériel, riche, sillonné de chemins de fer, peuplé d’habitants rompus au maniement de nos armes, dont l’élite aura reçu l’instruction dans nos écoles. Si nous n’avons pas su faire des Français de ces peuples, ils nous chasseront. Le seul moyen qu’ils deviennent Français est qu’ils deviennent chrétiens.
Il ne s’agit pas de les convertir en un jour ni par force mais tendrement, discrètement, par persuasion, bon exemple, bonne éducation, instruction, grâce à une prise de contact étroite et affectueuse, œuvre surtout de laïcs français qui peuvent être bien plus nombreux que les prêtres et prendre un contact plus intime.
Des musulmans peuvent-ils être vraiment français ? Exceptionnellement, oui. D’une manière générale, non. Plusieurs dogmes fondamentaux musulmans s’y opposent ; avec certains il y a des accommodements ; avec l’un, celui du medhi, il n’y en a pas : tout musulman, (je ne parle pas des libres-penseurs qui ont perdu la foi), croit qu’à l’approche du jugement dernier le medhi surviendra, déclarera la guerre sainte, et établira l’islam par toute la terre, après avoir exterminé ou subjugué tous les non musulmans. Dans cette foi, le musulman regarde l’islam comme sa vraie patrie et les peuples non musulmans comme destinés à être tôt ou tard subjugués par lui musulman ou ses descendants ; s’il est soumis à une nation non musulmane, c’est une épreuve passagère ; sa foi l’assure qu’il en sortira et triomphera à son tour de ceux auxquels il est maintenant assujetti ; la sagesse l’ engage à subir avec calme son épreuve; ” l’oiseau pris au piège qui se débat perd ses plumes et se casse les ailes ; s’il se tient tranquille, il se trouve intact le jour de la libération “, disent-ils ; ils peuvent préférer telle nation à une autre, aimer mieux être soumis aux Français qu’aux Allemands, parce qu’ils savent les premiers plus doux ; ils peuvent être attachés à tel ou tel Français, comme on est attaché à un ami étranger; ils peuvent se battre avec un grand courage pour la France, par sentiment d’honneur, caractère guerrier, esprit de corps, fidélité à la parole, comme les militaires de fortune des XVIe et XVIIe siècle mais, d’une façon générale, sauf exception, tant qu’ils seront musulmans, ils ne seront pas Français, ils attendront plus ou moins patiemment le jour du medhi, en lequel ils soumettront la France.
De là vient que nos Algériens musulmans sont si peu empressés à demander la nationalité française : comment demander à faire partie d’un peuple étranger qu’on sait devoir être infailliblement vaincu et subjugué par le peuple auquel on appartient soi-même ? Ce changement de nationalité implique vraiment une sorte d’apostasie, un renoncement à la foi du medhi…
III — Conversation avec des personnages du désert sur les affaires de l’Europe et sur la guerre
Je n’en ai pas. Je n’ai jamais cessé de dire aux indigènes que cette guerre est chose sans gravité : deux gros pays ont voulu en manger deux petits ; les autres gros pays, tel que les Anglais, les Russes et nous, leur font la guerre non seulement pour empêcher cette injustice, mais pour ôter à ces deux voleurs la force de recommencer ; quand ils seront bien corrigés et affaiblis on leur accordera la paix ; cela durera ce que cela durera, le résultat ne présente aucun doute, et nous avons l’habitude d’aller lentement mais sûrement… Les gens de ce pays reculé sont d’une telle ignorance que tout détail supplémentaire les induirait en erreur : ils ne comprendraient pas, et se feraient des idées fausses.
La main-d’œuvre polonaise
Votre article sur la main-d’œuvre étrangère (L’Écho de Paris du 28 mai 1916), et ce que vous y dites avec tant de vérité des Polonais me porte à vous parler d’un ami… qui a consacré sa vie à l’étude et au relèvement de la Pologne, sa patrie ; il travaille à la relever surtout par la pureté des mœurs, l’austérité de la vie et le renoncement à l’alcool. Voyant avec douleur beaucoup de Polonais partir annuellement pour l’Amérique où ils perdent leurs âmes, il cherche à détourner ce mouvement d’émigration vers la France et les colonies françaises du Nord de l’Afrique, Algérie, Maroc, Tunisie. Depuis trois ou quatre ans il a fait parvenir des propositions à ce sujet aux autorités françaises d’Algérie et du Maroc, offrant de diriger sur ces pays des familles choisies de Polonais. Rien de ce qu il a proposé n’a été exécuté jusqu’a présent. L’heure viendra peut-être bientôt de reprendre son idée et de l’appliquer non seulement à l’Algérie, à la Tunisie et au Maroc, mais aussi à la France…
Les Kabyles
Comme vous, je désire ardemment que la France reste aux Français, et que notre race reste pure. Pourtant je me réjouis de voir beaucoup de Kabyles travailler en France ; cela semble peu dangereux pour notre race, car la presque totalité des Kabyles, amoureux de leur pays, ne veulent que faire un pécule et regagner leurs montagnes.
Si le contact de bons chrétiens établis en Kabylie est propre à convertir et à franciser les Kabyles, combien plus la vie prolongée au milieu des chrétiens de France est-elle capable de produire cet effet.
Les Berbères marocains, frères des Kabyles, sont encore par trop rudes ; ils seront pareils aux Kabyles, quand, comme eux, ils auront soixante ans de domination française. Saint Augustin aimait la langue punique, parce que, disait-il, c’était la langue de sa mère : qu’était la race de sainte Monique dont la langue était la punique ? La race berbère ? Si la race berbère nous a donné sainte Monique et en partie saint Augustin, voilà qui est bien rassurant. N’empêche que les Kabyles ne sont pas aujourd’hui ce qu’étaient leurs ancêtres du IVe siècle : leurs hommes ne sont pas ce que nous voulons pour nos filles ; leurs filles ne sont pas capables de faire les bonnes mères de famille que nous voulons.
Pour que les Kabyles deviennent français, il faudra pourtant que des mariages deviennent possibles entre eux et nous : le christianisme seul, en donnant même éducation, mêmes principes, en cherchant à inspirer mêmes sentiments, arrivera, avec le temps, à combler en partie l’abîme qui existe maintenant.
En me recommandant fraternellement à vos prières, ainsi que nos Touaregs, et en vous remerciant encore de votre lettre, je vous prie d’agréer l’expression de mon religieux et respectueux dévouement.
Votre humble serviteur dans le Cœur de Jésus. “
Charles de Foucauld
Tamanrasset, par Insalah, via Biskra, Algeria,
29 luglio 1916.
Signore, la ringrazio infinitamente di aver voluto rispondere alla mia lettera, in mezzo a tanti impegni, e di averlo fatto così fraternamente. Potrei – così mi scrive – utilmente dirle della vita del missionario in mezzo a popolazioni musulmane, del mio pensiero su ciò che ci si può attendere da una politica che non cerchi di convertire i musulmani con l’esempio e con l’educazione, e che conseguentemente mantenga il maomettismo, e per finire delle conversazioni circa le faccende d’Europa e e la guerra con i personaggi del deserto.
I — Vita del missionario tra le popolazioni musulmane
Abitualmente ogni missione comprende più sacerdoti, almeno due o tre; si dividono il lavoro, che consiste soprattutto nelle relazioni con gli indigeni (visitarli e ricevere le loro visite); opere di beneficienza (elemosine, infermeria); opere di educazione (scuole per i bambini, scuole serali per gli adulti, ateliers per gli adolescenti); ministero parrocchiale (per i convertiti e per quelli che vogliono istruirsi nella religione cristiana). Non sono in grado di descriverle questa vita che, nella mia solitudine in mezzo a popolazioni molto disperse e molto remote nello spirito e nel cuore, non è la mia… I missionarî isolati come me sono molto rari. Il loro ruolo è quello di preparare la via, di modo che le missioni che li rimpiazzeranno trovino una popolazione amica e fiduciosa, delle anime almeno un poco preparate al cristianesimo e, se ci si riesce, qualche cristiano. Lei ha in parte descritto i loro doveri nel suo articolo “Le plus grand service” (Écho de Paris, 22 gennaio 1916). Bisogna che ci facciamo accettare dai musulmani, dobbiamo diventare per loro l’amico sicuro, quello da cui si va quando si è nel dubbio o nel dolore, quello sul cui affetto, sulla cui saggezza, sulla cui giustizia si conta assolutamente. Solo quando si è arrivati a quel punto si può giungere a far del bene alle loro anime. Ispirare una fiducia assoluta nella nostra veracità, nella rettitudine del nostro carattere, nella nostra istruzione superiore, dare un’idea della nostra religione a partire dalla nostra bontà e dalle nostre virtù, essere in relazioni affettuose con tante anime quante è possibile, musulmane o cristiane, indigene o francesi, è il nostro primo dovere: è solo dopo aver ben adempiuto a questo per un tempo sufficientemente lungo che si può fare del bene.
La mia vita consiste quindi nell’essere quanto più possibile in relazione con ciò che mi circonda e nel rendere tutti i servizi che posso. Mano a mano che si stabilisce l’intimità parlo – sempre o quasi sempre a tu per tu – del buon Dio, brevemente, dando a ciascuno ciò che può portare: fuga dal peccato, atto di carità perfetta, atto di contrizione perfetta, i due grandi comandamenti dell’amore di Dio e del prossimo, esame di coscienza, meditazione sui fini ultimi, pensare a Dio quando si considera la creatura, eccetera… dando a ciascuno secondo le sue forze e procedendo lentamente, con prudenza.
Sono pochissimi i missionarî isolati che si accollano questa missione di dissodamento; vorrei che ce ne fossero tanti: ogni parroco d’Algeria, di Tunisia o del Marocco, ogni cappellano militare, ogni pio cattolico laico (sull’esempio di Priscilla e di Aquila) potrebbe esserlo. Il governo proibisce al clero secolare di fare della propaganda anti-musulmana; ma si tratta di propaganda aperta e più o meno rumorosa: le relazioni amichevoli con tanti indigeni – che tendono a condurre lentamente, dolcemente, silenziosamente, i musulmani ad avvicinarsi ai cristiani, divenuti loro amici – non possono essere proibite da nessuno. Ogni parroco delle nostre colonie potrebbe sforzarsi di formare parecchi dei suoi parrocchiani e parrocchiane a essere delle Priscilla e degli Aquila. C’è tutta una propaganda tenera e discreta da fare presso gli indigeni infedeli, propaganda che esige prima di tutto della bontà, dell’amore e della prudenza, come quando vogliamo riportare a Dio un parente che ha perduto la fede…
Speriamo che dopo la vittoria le nostre colonie prendano una nuova andatura. Che bella missione, per i nostri cadetti di Francia, andare a colonizzare nei territori africani della madre patria non per arricchirsi, ma per farvi amare la Francia, rendervi francesi le anime e soprattutto procurar loro la salvezza eterna, col semplice essere delle Priscilla e degli Aquila.
II — Come francesizzare i popoli del nostro impero africano
La mia opinione è che se, poco a poco, dolcemente, i musulmani del nostro impero coloniale del Nordafrica non si convertono, si produrrà un movimento nazionalista analogo a quello della Turchia: si formerà nelle grandi città un’élite intellettuale, istruita alla francese senza avere né spirito né cuore francesi, un’élite che avrà completamente perduto la fede islamica ma che ne conserverà l’etichetta per poter influenzare le masse mediante quella; d’altra parte, la massa dei nomadi e dei campagnoli resterà ignorante, lontana da noi, fermamente maomettana, portata dalla loro religione, dai loro marabutti, dai contatti che ha con i francesi (rappresentanti dell’autorità, coloni, commercianti), all’odio e al disprezzo dei francesi. Il sentimento nazionale o barbarico si esalterà nella loro élite istruita: quando ne troverà l’occasione, per esempio con l’occorrenza di difficoltà della Francia, interne o esterne, essa si servirà dell’Islam come di una leva per sollevare la massa ignorante, e cercherà di creare un impero africano musulmano indipendente. L’impero africano francese del Nord-ovest – Algeria, Marocco, Tunisia, Africa occidentale francese, ecc… – ha 30 milioni di abitanti; col favore della pace, tra cinquant’anni ne avrà il doppio. Sarà allora in pieno progresso materiale: ricco, solcato di ferrovie, popolato di abitanti adusi alle nostre manovre militari, la cui élite avrà ricevuto istruzione nelle nostre scuole. Se non avremo saputo fare dei francesi, di questi popoli, ci cacceranno. Il solo mezzo per cui potranno divenire francesi è che divengano cristiani.
Non si tratta di convertirli in un giorno, né per forza, ma teneramente, discretamente, mediante la persuasione, col buon esempio, con la buona educazione, l’istruzione, grazie a una presa di contatto stretta e affettuosa, opera soprattutto dei laici francesi che possono essere parecchio più numerosi dei preti e prendere un contatto più intimo.
Dei musulmani possono essere veramente francesi? In casi eccezionali, sì. In generale, no. Sono diversi i dogmi fondamentali musulmani che si oppongono a ciò; con alcuni si trovano degli accomodamenti; con uno, quello del mehdi2Nell’Islam, il mehdi è il salvatore atteso alla fine dei tempi, N.d.R. non ce ne sono; ogni musulmano (non parlo dei liberi pensatori che hanno perso la fede), crede che con l’avvicinarsi dell’ultimo giorno il mehdi sopraggiungerà, dichiarerà la guerra santa e stabilirà l’Islam su tutta la terra, dopo aver sterminato e soggiogato tutti i non-musulmani. In questa fede, il musulmano guarda l’Islam come la sua vera patria, e i popoli non musulmani come destinati a essere presto o tardi soggiogati da lui, musulmano, o dai suoi discendenti; se ora si trova sottomesso a una nazione non musulmana, si tratta di una condizione passeggera; la sua fede gli assicura che ne verrà fuori e che a sua volta trionferà di quanti al momento lo assoggettano; la prudenza lo invita a subire con calma la sua prova; «l’uccello preso al laccio che si dimena perde le piume e si rompe le ali; se sta tranquillo, se le ritroverà intatte nel giorno della liberazione», dicono. Possono preferire questa nazione a un’altra, preferire star sottomessi ai francesi più che ai tedeschi, perché sanno i primi più accoglienti; possono legarsi a questo o a quel francese, come ci si può legare a un amico straniero; possono battersi con grande coraggio per la Francia, per sentimento di onore, carattere guerriero, corporativismo, fedeltà alla parola data, come i militari di fortuna dei secoli XVI e XVII: ma in generale, salvo eccezioni, fintanto che saranno musulmani non saranno francesi. Attenderanno più o meno pazientemente il giorno del mehdi, nel quale sottometteranno la Francia.
Da lì viene che i nostri algerini musulmani sono così poco smaniosi di chiedere la nazionalità francese: come chiedere di far parte di un popolo straniero che si sa dover infallibilmente risultare vinto e soggiogato dal popolo al quale invece si appartiene? Questo cambiamento di nazionalità implica veramente una sorta di apostasia, una rinuncia alla fede del mehdi…
III — Conversazione con personaggi del deserto riguardo agli affari dell’Europa e alla guerra
Non ne ho. Non ho mai cessato di dire agli indigeni che questa guerra è cosa senza gravità: due grandi Paesi hanno voluto mangiarne due piccoli; gli altri grandi Paesi, come gli Inglesi, i Russi e noi, facciamo loro la guerra non solo per impedire questa ingiustizia, ma per impedire a questi due ladri la forza di ricominciare; quando saranno ben corretti e indeboliti accoderemo loro la pace; durerà quanto durerà – il risultato non presenta alcun dubbio, e noi abbiamo l’abitudine di avanzare lentamente ma sicuramente… –. Le persone di questo Paese sperduto sono di una tale ignoranza che ogni dettaglio supplementare li indurrebbe in errore: non capiscono, e si farebbero delle idee false.
La manodopera polacca
Il suo articolo sulla manodopera straniera (L’Écho de Paris del 28 maggio 1916), e quanto lei, con tanta verità, vi scrive dei Polacchi, mi porta a parlarle di un amico… che ha consacrato la propria vita allo studio e alla riabilitazione della Polonia, sua patria; egli lavora a risollevarla soprattutto con la purità dei costumi, con l’austerità della vita e la rinuncia all’alcool. Vedendo con dolore molti polacchi partire annualmente per l’America, dove perdono le proprie anime, egli cerca di stornare questo movimento migratorio verso la Francia e verso le colonie francesi del Nord-africa: Algeria, Marocco, Tunisia. Da tre o quattro anni fa pervenire a tal riguardo delle missive alle autorità francesi di Algeria e del Marocco, offrendosi di indirizzare su questi paesi famiglie scelte di polacchi. Niente di quanto ha proposto ha finora trovato attuazione, al momento. Arriverà forse presto l’ora di riprendere la sua idea e di applicarla non solamente all’Algeria, alla Tunisia e al Marocco, ma anche alla Francia…
I Cabili
Come lei, anche io desidero ardentemente che la Francia resti ai francesi e che la nostra razza resti pura. Eppure mi rallegro di vedere molti cabili lavorare in Francia; è una cosa che sembra poco pericolosa, per la nostra razza, perché la quasi totalità dei cabili, innamorati del loro Paese, non vogliono che raccogliere un piccolo gruzzoletto e tornare sulle loro montagne.
Se il contatto di buoni cristiani stabilito in Cabilia è opportunamente dedicato a convertire e a francesizzare i cabili, quanto più la vita aperta in mezzo ai cristiani di Francia è capace di produrre tale effetto!
I berberi marocchini, fratelli dei cabili, sono ancora decisamente rudi; saranno simili ai cabili quando, come loro, avranno avuto sessant’anni di dominazione francese. Sant’Agostino amava la lingua punica perché, diceva, era la lingua di sua madre: qual era la razza di santa Monica, che parlava il panico? La razza berbera? Se la razza berbera ci ha dato santa Monica e in parte sant’Agostino abbiamo di che rassicurarci. Ciò non toglie che i cabili non sono oggi ciò che erano i loro antenati del IV secolo: i loro uomini non sono ciò che noi vogliamo per le nostre figlie; le loro figlie non sono capaci di essere buone madri di famiglia come noi vogliamo.
Perché i cabili divengano francesi, bisognerà comunque che dei matrimoni divengano possibili, tra loro e noi: il cristianesimo soltanto, impartendo la medesima educazione, i medesimi principî, cercando di ispirare i medesimi sentimenti, arriverà – col tempo – a colmare in parte l’abisso che esiste ora.
Raccomandandomi fraternamente alle sue preghiere, io come i nostri tuareg, e ringraziandola ancora della sua lettera, la prego di gradire l’espressione della mia religiosa e rispettosa devozione.
Suo umile servitore nel Cuore di Gesù,
Charles de Foucauld
Note
↑1 | Lettre adressée à René Bazin, de l’Académie française, président de la Corporation des publicistes chrétiens, parue dans le Bulletin du Bureau catholique de presse, nro 5, octobre 1917. Titre et intertitres d’origine. [fonte del testo]. |
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↑2 | Nell’Islam, il mehdi è il salvatore atteso alla fine dei tempi, N.d.R. |
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